Concours no.1 ~ Participants

**E L Y Y B E** Admin Localisation : Canada. Messages : 90

PREMIER TEXTE;

- Tu ne peux pas comprendre. T'es trop occupé à te foutre de la gueule des gens. Tu ne vois rien que le bout de ton nez. T'es pathétique à vouloir foutre la merde partout ! C'est amusant pour toi, hein ? De faire rire les autres !? Tu ne te mets pas à la place de ceux qui se tapent les moqueries tous les jours ? Non, on te vénère, on t'embrasserait les pieds s'il le faut ! T'es peut-être le roi ici, mais pour moi, t'es de la merde ! Ta vie est nulle, alors tu t'en prends aux gens, c'est ça ? Chez toi, n’y a personne qui s'intéresse à toi ? Alors tu fais l'intéressant ici, c'est ça ? Pathétique. T'as pas vu comment t'as rendu Mme Brown, elle en peut plus de toi ! Personne ne t’aime Bordel ! Tu crois que t'es aimé, parce que les gens viennent vers toi, mais ils parlent de toi quand ne t’es pas là, c'est mon premier jour à cette putin d'école et je les entends déjà dire des merdes sur toi ! Mais t'inquiète pas, d'ici le Bac, tu te rendras compte que t'es rien. Tu ne manqueras à personne. Tout le monde dira " Ouf, Judd s'est barré." Bonne chance pour le reste de ton existence.

Et elle est partie... Boum ... ! Elle claque la porte ... Boum! Je suis seul. Boum ... ! J'peux plus bouger .... Boum ... ! J'sais plus qui je suis... Boum, Boum, Boum ... On dirait le tictac d'une bombe prête à exploser ... BOUM! C'est elle le BOUM. Le grand BOUM de ma vie. Je l'ai pas vue venir, j'ai rien vu venir... J'aurai pourtant juré que personne n'aurait jamais pénétré mon monde.

Putain ... J'me rends compte que les Boums, c'était les battements de mon cœur.

**E L Y Y B E** Admin Localisation : Canada. Messages : 90

DEUXIÈME TEXTE;

J'ai toujours cru en un dieu. Lequel ? Bonne question, je n'ai aucune religion. Mais je suis persuadé, que quelque part, au ciel ou ailleurs, une entité supérieure tire les ficelles de nos existences. C'est tellement rassurant de penser que nous sommes des marionnettes, manipulées par une main divine, qui nous concocte des desseins à sa guise. Bon ou mauvais, d'ailleurs. Oui, c'est facile de croire que nos vies sont déterminées, puisque nous nous déchargeons ainsi de toutes nos erreurs, tous nos crimes, tous nos torts, toutes nos fautes. On abandonne la responsabilité de nos actes, étant donné qu'ils sont l'œuvre d'un marionnettiste mystifié. Et c'est tellement plaisant d'ignorer le sentiment de culpabilité. Jouissif même. Tous les comportements me sont permis. Je blesse. J'abime. Je détruis. J'anéantis. J'extermine. Je brise. Je nuis. Je saccage. Je ruine... Zéro remord, c'était mon destin. Et ça, bon sang, c'est orgasmique.

J'ai fini par devenir un être glacial, sans émotion. Quand on s'octroie tous les droits au nom de la providence, notre personnalité ne peut qu'évoluer pour tendre vers ce que l'on pourrait aisément qualifier comportement frisant l'indécence. Ma conduite avait eu le mérite de me propulser au rang de meneur, craint par les faibles, envié par les forts tempéraments. Mais j'étais le dominant, partout où j'apparaissais, l'être suprême que mes congénères suivaient sans se poser de questions. Et j'excellais dans ce rôle taillé pour moi. J'avais même hérité d'admirateurs, de larbins, qui s'exaltaient de ma présence ou au contraire tentaient d'usurper ma place, sans succès. Je demeurais le seul maître à bord.

Mon principal lieu de prédilection s'intitulait « lycée ». Mon aura y était telle que le proviseur essayait de m'influencer à coup de chantage pour que je me tienne à carreau et que je bride mes camarades. Il voulait faire de moi un émissaire de l'ordre, et à chaque fois je faisais semblant d'adhérer à ce principe, avec un hochement de tête mesquin. En ce jour de rentrée scolaire, il n'avait pas attendu cinq minutes pour me convoquer sans sommation dans son luxueux bureau, meublé d'horribles mais couteux meubles en chêne. Budget inutile à mon avis, qui aurait mieux fallut injecter dans celui de l'éducation au vu des constats relatifs à la qualité des enseignants de l'établissement.

- Mr Judd, commença-il solennellement, pour votre dernière année dans notre établissement, j'espère sincèrement que vous nous montrerez une maturité lié à votre âge. J'ai conscience que vous vous êtes bien moqué de moi les années précédentes, mais cette fois-ci je ne vous laisserai rien passer. À la première entourloupe, c'est l'expulsion définitive, et je ne veux pas entendre vos salades sur l'absence de responsabilité lié à je ne sais quelle théorie sur le destin...
- la détermination, Monsieur, précisai-je pour parfaire sa culture.
- qu'importe. Est-ce que mes propos sont clairs Mr Judd ?
- comme de l'eau de roche. Mais je me demandais, s'ils prenaient en compte le fait que mes parents soient les plus conséquents financeurs de cette école ? Demandai-je avec un sourire victorieux sur le visage.
- voyez vous jeune homme, je ne vais pas vous cacher que la contribution de vos parents est un véritable atout pour notre établissement. Mais le conseil d'administration a débattu sur votre cas, et il a été décidé à l'unanimité qu'il était préférable pour le bien de l'éducation de tous, de supprimer l'élément perturbateur que vous êtes plutôt que d'investir de l'argent dans du matériel.
- si l'argent de ma famille n'est pas utile à l'éducation, vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je conseille à mon père d'arrêter les versement mensuels de fond dans les plus brefs délais ?

Il se crispa, serrant ses mâchoires à en avoir des crampes. Il avait voulu jouer avec moi, il était servi. Seulement, ce qu'il ne savait pas, c'est que mon influence sur les décisions de mes parents et plus précisément celles de mon paternel, convergeait vers zéro.

- je n'apprécie guère le chantage, me réprimanda le proviseur en replaçant ses lunettes à double foyer correctement sur son nez.
- si mes souvenirs ne sont pas erronés, chose que l'on peut espérer à mon âge, n'est-ce pas du chantage que vous avez eu l'amabilité de d'effectuer il y a à peine un instant ?
- je vous exposais seulement la sanction qui vous attentait si vous aviez le malheur de sortir du droit chemin.
- ce qui est somme toute, une forme de chantage. À moi donc de vous exposer ma petite « sanction ». La prochaine fois que vous me convoquer dans votre bureau pour m'intimider de la sorte, j'interviens auprès de mes parents pour qu'ils cessent d'investir dans cette école, surtout si c'est pour décorer les bureaux du personnel de façon aussi outrancière. Est-ce clair ?

Il ne répondis pas. Il ne pouvais certes pas donner un accord oral de ce type à un élève, c'était contre les règles de son métier, mais ne dit-on pas que celui qui ne dit rien consent.

- et pendant que nous sommes en négociation, ajoutai-je, je souhaiterai vivement être réintégrer dans la classe de Mr Jones et Mr Fletcher. J'imagine que c'était une action volontaire de votre part de me séparer de mes acolytes, mais je peux vous garantir quand m'éloignant d'eux, vous vous exposez à bien pire que de me laisser en leur compagnie. Je tiens à préciser que ceci n'est pas du chantage mais un avertissement.

À nouveau il resta silencieux, preuve encore que j'avais remporté la partie. Il me toisa un moment, puis soupira bruyamment pour marquer son mécontentement. Il pensait me tenir, mais c'est moi qui maitrisait les événements.

- vous ferez tout de même une concession, me supplia-t-il lamentablement.
- tout dépend ce que vous me demander.
- Mr Martin, votre enseignant de français, m'a dit que vous étiez sans contexte son meilleur étudiant en la matière. Votre mère est française non ?
- effectivement, confirmai-je. J'ai la chance d'être bilingue.

Et même de dépasser aisément le pitoyable niveau de Mr Martin dans cette langue.

- notre établissement participe à un échange linguistique cette année, et nous accueillons un élève français pour six mois. J'ai pensé le mettre dans votre classe, et que vous pourriez avoir la courtoisie de le guider s'il éprouve des difficultés de compréhension. L'objectif n'est pas que vous lui facilité la tâche, il est ici pour se perfectionner dans notre langue, mais que vous l'aidiez de temps à autre.

Je réfléchis quelques secondes. Ce qu'il me proposait n'était pas bien compliqué, mais j'avais peur que d'autres obligations se cachent sous cette simple demande.

- c'est tout ? Demandai-je méfiant.
- Rien de plus, rien de moins.

J'hésitais encore quelques instants. Mais après tout, cela pouvait être intéressant. À par avec ma mère, je n'avais pas l'occasion de parler la langue de Molière, et j'avoue que la perspective de pouvoir échanger avec une autre personne m'enchantais assez.

- d'accord, concédai-je.
- rès bien, dit le proviseur soulagé par mon consentement. Mr Poynter vous attend au secrétariat, il finit de remplir ses papiers administratif. Je compte sur vous pour le guider jusqu'à votre premier cours.
- c'est entendu.

Je me levai d'un bon, prêt à sortir de ce bureau où étouffais, mais il m'interpella une dernière fois avant de me redonner ma liberté.

- Mr Judd, je compte sur vous pour ne pas abuser de ma confiance. Je vous confie une mission, j'espère que vous la mènerez à bien.

Je ne répondis pas et franchis la porte. Adossés au mur en face, m'attendaient Daniel et Thomas. Ils étaient pour moi ce qui se rapprochait le plus d'amis. Je n'étais pas le genre de personne à avoir des amis, non. J'avais plutôt des hommes de main. Ils me suivaient partout, pour n'importe quoi, et étaient digne de confiance. J'aimais me dire que j'avais mes deux chiens attitrés, qui emboitaient chacun de mes pas, prêts à tout pour leur maitre. Mais comme tous les canins, ils avaient un caractère bien à eux. Dan s'apparentait à un doberman. Hyper-actif, il avait besoin de se défouler, et ça passait principalement par des comportements agressifs. Quand il avait quelque chose en tête il ne lâchait jamais prise sans arriver à ses fins. Il agissait rapidement et de manière efficace. C'est ce que j'appréciais chez lui, il ne posait pas de questions et faisait toujours ce qu'on lui demandait, proprement qui plus est. Tom quand à lui était à la fois, beaucoup plus docile, mais beaucoup plus réfléchit. Un berger Allemand lui conviendrait surement. Il se laissait marcher sur les pieds, mais n'hésitait pas un instant à agir en cas de besoin. Une valeur sure.

- alors ? Demanda Danny avec un mouvement de tête vers moi qui agita ses boucles brunes. Qu'est-ce qu'il te voulait déjà ce vieux crouton.
- rien, répondis-je. M'intimider, comme d'habitude.
- et ça a foirer...
- … comme d'habitude ajouta Tom. Tu as réussi à changer de classe ?
- une petite menace de coupure de fond et c'était dans la poche expliquai-je.
- argument qui marche à tous les coups.

Je détaillai mes deux « amis » et m'attardai sur Tom. Cet été, il était allé à Hawai avec sa famille. Il en était revenu avec un look de surfeur, ce qui n'était pas étonnant connaissant son caractère facilement influençable. Il avait rapidement adopter le style de là-bas et laissé poussé ses cheveux blonds, encore plus clairs qu'habituellement, décolorés par le soleil et l'eau salé. Son bronzage se mariait parfaitement avec le brun clair de ses yeux, lui donnant un je ne sais pas quoi de mystérieux. Il arborait fièrement un long short avec des imprimés de fleurs turquoises, et ses tongs fleuries également laissait apercevoir un tatouage en forme d'étoile creuse sur le haut de son pied.

- c'est quoi ce truc ? l'interrogeai-je en montrant la nouveauté.
- un souvenir de mes vacances. J'ai la même sur le torse.

Je m'en foutais. Je savais même pas pourquoi je lui avais posé la question. Danny n'avait pas changé par contre. Juste quelques tâches de rousseur de plus sur sa peau, ce qui faisait ressortir le bleu de ses yeux. Et peut-être quelques kilos de délestés. Il n'avait pas la chance comme Tom et moi d'avoir des parents fortunés. Il avait bossé à l'usine pendant deux mois, et l'état lamentable de ses mains en témoignait. Le rythme difficile du travail à la chaine l'avait aidé à perdre le léger surpoid qu'il avait accumulé après son arrêt définitif du football pour rupture de ligaments croisés.

- on y va ? me consulta le brun.
- je vous rejoins. J'ai quelque chose à faire.

Ils levèrent les épaules, et partirent sans moi en cours. Je ne sais pas pourquoi je ne leur avais pas parlé du nouveau. J'aurai pu, mais je crois que je ne voulais pas leur montrer que je m'étais abaissé à accepter une requête du proviseur. J'allai jusqu'au secrétariat et entrai sans frapper. Le français était là, assis devant un bureau, remplissant des papiers. Je ne pouvais apercevoir que son dos. Mes yeux glissèrent le long de sa colonne vertébrale, et s'arrêtèrent sur sa nuque parsemée d'un petit duvet blond. Bizarrement, pour la première fois depuis longtemps, je sentis poindre une ébauche d'émotion. Un rien. Mais quelque chose toutefois. Je secouai la tête pour évacuer ce sentiment grandissant en moi, et apostrophai le nouveau :

- c'est toi Poynter ?
- Je suppose que c'est toi le guide. Riposta-t-il, avec un accent anglais parfait.

Il ne s'était pas retourné, et continuait à écrire. Il m'avait soufflé. Rares étaient les personnes qui osaient me parler sur ce ton.

- tu te grouilles, j'ai pas que ça à faire lui dis-je sèchement.
- personne ne t'oblige à faire du sociale, tu peux te tirer.

Étrangement, sa voix était douce, un peu aiguë, mais ses mots étaient cinglant, contrastant avec la gentillesse qui émanait de ses cordes vocales. Je sortis toute une flopée d'insultes toutes aussi offensantes les une que les autres, persuadé qu'il ne pouvait les comprendre. Il fit pivoter sa chaise, et je pus découvrir pour la première fois son visage. Ses traits étaient très fins, presque féminins. Ses yeux gris, presque cachés par une longue mèche de cheveux châtain, se plantèrent dans les miens plus colorés et je faillis défaillir. Sur le moment je n'ai pas compris quelle était la raison de mon émoi. Je l'ai assimilé que bien plus tard.

- je suis bilingue, abrutit, répliqua ce petit blond en français.

Plusieurs sentiments se bataillaient en moi. L'énervement face à cet étranger qui osait me tenir tête. Mais aussi une petite part de tendresse pour cet être à l'allure charmante et frêle. Je me giflais intérieurement de ma faiblesse, et la ravalait pour enfin me retrouver. Hostile. Aigre. Moi aussi j'étais bilingue, mais ça il n'était pas censé le savoir. Je pouvais jouer de cet atout pour le détruire. Je ne savais pas encore comment, mais j'en étais persuadé, j'allais le bouffer et tout cru.

Ça c'est ce que je croyais... Mais mon destin ne comportait pas le même scénario que celui qui me trottait dans la tête...