Mon nom avait résonné dans la gare. J'avais peur de reconnaître cette voix. Cette voix qui, autrefois, avait fait chavirer mon cœur. Cette voix avec laquelle j'aimais me faire réveiller le matin. Cette voix qui pouvait me rassurer lors de mes pires angoisses. Cette voix qui me murmurait des « Je t'aime » venant du fond du cœur. Je m'étais retournée, ce que je n'aurais jamais dû!

Les yeux qui me revenaient en tête en même temps que la voix apparurent à quelques mètres de moi. Je soupirai en laissant mon sac à bandoulière tomber à mes pieds. Je sentais les sanglots monter, mais je devais les ravaler et me contrôler. Il s'approcha de moi et voulu s'avancer pour me prendre dans ses bras, mais je l'arrêtai d'un signe de la main. Je ne voulais pas de ça : un adieu déchirant.

- Pourquoi es-tu venu ? lui demandais-je en contrôlant les trémolos dans ma voix.
- Je... Je devais... Voulais te dire au revoir avant que tu ne partes, dit-il en haussant légèrement les épaules.
- Je t'avais dit de ne pas venir ! lui répondis-je en haussant le ton.

Quelques larmes s'échappèrent sur mes joues et je les essuyai aussitôt. Je ne voulais pas qu'il me voit pleurer. Je détestais paraître faible. Pour moi, pleurer était un signe de faiblesse.

Je repris mon sac par terre et tourna les talons afin de me diriger vers le quai de mon train, mais une main m'en empêcha. Il m'avait attrapé par le poignet m'avait fait faire volte-face en même temps de m'enlever mon sac. Son regard cherchait le mien, mais je ne voulais pas l'affronter. Je n'en avais pas la force.

Sa main libre remonta au niveau de ma joue et la caressa doucement. Je me mordis la lèvre inférieure afin de ne pas sourire : ce geste me rappelait de si beaux souvenirs...

- Regarde-moi, chuchota-t-il.
- ... Non, dis-je en secouant la tête. Je ne peux pas, répondis sur le même ton que lui.
- Pourquoi ?
- Je... Je ne peux pas. C'est tout.

J'enlevai doucement sa main et repris mon sac qu'il tenait dans son autre. Je me reculai, le regard vers mes pieds, toujours incapable d'affronter son regard. Mon nom retentit derrière moi. Je soupirai de nouveau, sentant les sanglots près à éclater. Le faire souffrir n'était pas dans mon plan.

- Je dois y aller, soufflais-je en me retournant.
- C'est à cause de lui que tu pars ? À cause de lui que... Tu m'as laissé ? demanda-t-il en chuchotant.
- ... Je dois y aller, répétais-je plus ferme.

Je me dirigeai vers la seconde voix sans et me promis de ne pas me retourner. J'attrapai la main du brun qui se tendait vers moi. Je levai le visage vers lui et il m'entraîna avec lui vers le quai de mon train. Notre train.

Je tournai la tête vers l'arrière afin de regarder pour la dernière fois Douglas. Il dit quelque chose que je ne pouvais entendre dû à la distance et il éclata en sanglot. Les miens, je les avais ravalés, mais je sentais qu'ils allaient bientôt tenter d'éclater de nouveau. Je secouai la tête, espérant mettre dans un coin de ma mémoire, tous mes souvenirs avec lui à Londres et tourner la page, en commencer une nouvelle.