La mort est une étape de notre vie. Une étape inévitable. Tout le monde naît et meurt un jour. Certaine personne meurt dans un accident de voiture, lors de l’écrasement d’un avion, dans leur sommeil, d’une attaque cardiaque. Il y a mainte façon de mourir dans la vie. Beaucoup de gens ont peur de la mort, car ils ignorent ce qui les attend de « l’autre côté ». Je n’ai pas peur de la mort, mais pourtant, j’ignore ce qui se passe lorsque nous sommes morts. Je crois que je n’ai pas peur, car j’ai accepté le fait que nous mourrons un jour ou l’autre et mon jour arrivera dans trois mois.

« Journal d’Aela, née le 3 Avril 1993. J’aime le chocolat et ma maman par-dessus tout. J’ai 9 ans et j’adore apprendre de nouvelles choses…»

« 29 octobre 2004.
Aujourd’hui, j’ai rencontré un garçon hyper gentil au parc. Il vient d’emménager ici et il se nomme Tom. Il est blond, un peu plus grand que moi et quand il sourit, une fossette apparaît sur sa joue droite. Il a les yeux bruns et il adore Star Wars… »

« 5 Mars 2009.
C’est officiel, Tom et moi sommes meilleurs amis. Pour le prouver, nous avons chacun un bracelet en tissu avec le nom de l’autre brodé. Tom a eu l’idée en voyant sa petite sœur fabriquer des bracelets de la sorte et lui a demandé de nous en confectionner… »

« 16 Janvier 2010.
J’ai écris énormément de chose en sept ans. Je relis tout ça et je souris. De beaux souvenirs. La plupart sont avec Tom, d’autre sont avec ma famille. Aujourd’hui, je comprends pourquoi j’ai eu l’idée d’écrire ce journal, dans un petit coin de mon subconscient, j’étais au « courant » de ce qu’on allait m’annoncer. Le 15 Mai 2004, j’ai écris que je voulais écrire ce journal pour laisser aux gens une trace de moi. J’ignorais aujourd’hui encore à qui appartiendrait ce journal et pourquoi je voulais laisser une trace de moi. Aujourd’hui, tout est clair, maintenant. Ce livre est pour Tom. Il est pour toi, j’espère que tu l’as lu jusqu’à aujourd’hui, car le plus important se trouve dans les prochaines pages. Tout ce que je n’ai pas pu te dire, tout ce que je n’ai pas eu le courage de te dire plus tôt se trouve dans ce livre. Tout ce que je ressentais et que tu ignorais se trouve dans ce livre. Je me retrouve dans ce livre et nulle part ailleurs. »

« Il n’est plus question de date à partir d’aujourd’hui, le premier juin 2010.
Pourquoi continuer de vivre lorsque nous savons qu’il nous reste que trois mois ? Pourquoi continuer d’avancer en sachant que tout ce que nous avons fait jusqu’à maintenant n’aura servit à rien ? Pourquoi continuer lorsque nous savons que nous ne pourrons jamais avoir la vie que nous rêvions ? Je ne pourrai jamais me marier. Je ne pourrai jamais avoir d’enfants. Je ne pourrai jamais voyager. Je ne pourrai jamais vivre la vie que je voulais. Je veux une deuxième chance, mais j’ignore à qui la demander. J’ignore si je peux en avoir une, par contre. J’ai souvent entendu dire que notre destin était tracé d’avance et que nous ne pouvions rien y faire et seulement suivre le chemin prédéfini. Si un évènement se produit, il était prévu d’avance. Comment est-ce possible que quelque chose peut nous être prévu dans la vie quand les mots « hasard » et « coïncidence » existent ? Est-ce que les trois s’annulent, alors ?

Plusieurs de mes amis me demandaient comment je faisais pour continuer alors que je savais que dans quelques mois, je n’allais plus faire partie de ce monde. Comment puis-je supporter cette affreuse nouvelle ou plus tôt, cette affreuse réalité ? Et ma réponse était : je l’ignore. C’était vrai. J’ignorais comment je faisais pour continuer à avancer à sachant que chaque jour qui se terminait était un pas de plus vers ma mort. Plus les semaines passaient et plus j’acceptais le fait que j’allais mourir dans quelques mois. Aujourd’hui, il me reste trois mois et je suis prête à mourir.

Lorsque je suis descendue au rez-de-chaussée, mon frère était dans la salle de séjour et regardait la télévision comme tous les matins d’été. Comme tu le sais, il n’était que mon demi-frère, mais pour nous, il n’y a aucune différence. Nous nous ressemblons beaucoup psychologiquement, nous sommes inséparables et nous ferons n’importe quoi pour l’un ou l’autre. Il est mon confident depuis que lui et son père sont venus habiter chez moi, il me comprend mieux que n’importe qui et je suis une de ses priorités dans la vie. Mon bonheur passe avant le sien. Je n’avais pas besoin de prononcer un mot qu’il savait que je n’allais pas bien, il est le seul qui peut me remonter le moral très facilement et je suis une des rares personnes qui peuvent lui faire refuser d’aller à une fête pour rester en sa compagnie le vendredi soir. Ma vie serait totalement différente sans lui – elle sera ennuyante et je n’aurai sûrement pas pu traversé les longs mois suivants l’horrible nouvelle sans lui et son aide.

Je suis entrée dans la salle de séjour et Dougie a tourné la tête vers moi. Il m’a souri et je lui ai rendu faiblement. Je suis ensuite allée m’asseoir à ses côtés, me blottir contre lui. Il a entouré mes épaules de ses bras et m’a serré contre lui, comme il le faisait toujours. Tout de suite, les maux de têtes que je ressentais dans ma tête semblaient avoir disparus. J’ai fermé les yeux et je me suis blottie encore plus contre lui. La nuit précédente avait été mouvementée par des cauchemars et j’avais été à deux doigts de m’évanouir lorsque je m’étais levée pour aller me servir un verre d’eau dans la cuisine. Heureusement, j’avais retrouvé mon lit rapidement. J’avais de plus en plus souvent des malaises de la sorte. Dougie s’inquiète beaucoup, il ne peut rien faire et il en a marre de me voir souffrir et ne rien pouvoir faire. Je le vois dans ses yeux, je peux presque le lire dans ses pensées. Mais lorsque je lui souris en lui chuchotant un « Ça va, je vais bien. » il semble encore plus inquiet. Il me connait, il sait très bien que je dis ça car je vais très mal et je ne veux pas qu’il s’inquiète pour moi.

Je ne suis plus en très grande forme, tu l’avais sûrement remarqué. Même si je souris et je ne cesse de dire que je vais bien, je suis épuisée, ma tête semble vouloir m’exploser tout au long de la journée et je n’ai qu’une envie le soir : retrouver mon lit. Mon corps au grand entier souffre et personne ne semble trouver le remède pour me guérir. Tom, j’en ai marre de souffrir. Tu ne peux imaginer comment je souffre. Aujourd’hui, j’ai peur. J’ai tellement peur de ne pas pouvoir passer à travers tout ça. En ce moment, je te demanderais de m’aider, mais cela serait inutile.

Mais dans tout ça, je n’ai jamais eu besoin de te demander de ton aide, tu le faisais tous les jours. C’était habituel. Tu as été présent dans tous les moments difficiles, je ne peux rien demander de plus. Tu m’as aidé à passer à travers et je t’en suis très reconnaissante. Tu es le meilleur ami idéal et je suis certaine que tu serais le petit-ami idéal, l’époux idéal et même le père idéal. Reste comme tu es et je te souhaite du bonheur à toi et à ta future famille et aussi beaucoup de succès dans ta carrière de musicien. Tu vas faire un malheur, crois-moi !

Merci. C’est tout ce que je peux te dire après toutes ces années. Désolée pour ce petit mot, mais il veut tout dire, tu le sais très bien.

Je fermai mon livre et le rangeai en dessous de mon oreiller. J’avais mal, j’avais très mal. J’ignorais quoi faire à cet instant, j’étais totalement perdue. Je ne faisais que pleurer et pleurer. C’est tout ce que j’étais capable de faire pour le moment. Tom, tu vas tellement me manquer…